Kanka Moussa, l’homme noir le plus riche de tous les temps

Il y a près de sept cents ans, le « roi des rois » règne sur un empire immense et très prospère, qui tire sa richesse de ses ressources minières : le Mali est alors le plus gros producteur mondial d’or.

Mansa Moussa ou Kankou Moussa est le dixième « mansa » (roi des rois) de l’empire du Mali de 1312 à 1332 ou 1337.

Il porte l’Empire du Mali à son apogée, du Fouta-Djalon à Agadez et sur les terres de l’ancien Empire du Ghana. Il établit des relations diplomatiques suivies avec le Portugal, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte. Son règne correspond à l’âge d’or de l’empire malien.

Il est considéré comme l’un des hommes les plus riches de l’Histoire, voire le plus riche, sa fortune étant estimée à l’équivalent de 400 milliards de dollar ou 370 milliards d’euros actuels.

C’est son fastueux pèlerinage à La Mecque, en 1324, qui va asseoir la renommée de Kanga Moussa 1er et de l’empire du Mali dans toute l’Afrique médiévale et jusqu’en Orient et en Europe. « Il est le plus puissant des rois nègres musulmans, son pays est le plus vaste, son armée la plus nombreuse, il est le plus puissant, le plus riche, le plus fortuné, le plus redoutable à ses armées », rapporte un voyageur arabe de l’époque.

Lors de son pèlerinage à la Mecque, Kanga Mussa était accompagné de 60 000 hommes, 12000 esclaves et 80 chameaux transportant chacun 80 kg d’or.

Il construisit une mosquée dans chacune des cités dans lesquelles il s’arrêtait le vendredi, jour de prière pour les musulmans.

Certaines sont encore debout 700 ans plus tard, notamment la mosquée de Sankoré à Tombouctou.

Il est le roi de l’or, l’homme qui a fait chuter les cours de ce métal précieux tout le long de son périple du Mali actuel à la Mecque, en passant par l’Egypte.

Son célèbre pèlerinage laissa La Mecque et Médine, ainsi que le Caire, face à une chute soudaine du cours de l’or, qui durera dix ans, pendant lequel ce vieux métal jaune de 5000 ans d’histoire ruinera les fortunes les plus établies.

Selon les chroniques, Mansa fut obligé de racheter une partie de l’or qu’il avait apporté avec sa caravane.

Beaucoup d’artisans de l’or de la zone Sahel se réclament de ce personnage mythique.

« L’empire du Mali s’étendait alors du Fouta Djallon (Guinée Conakry) à l’Aguadez (Niger), sur le Ghana ancien et le Songhaï. Si l’épopée mandingue, chantée par les griots, célèbre depuis des siècles la bonne fortune de ce roi des rois, c’est surtout les savants arabes, notamment Ibn Battuta et Ibn Khaldoun qui ont produit les écrits les plus remarquables sur Kanka Moussa.

Ibn Khaldoun le fait descendre de Soundjata Keita, le fondateur de l’empire du Mandingue, dont le point de départ, se situerait exactement dans l’actuel camp militaire de Kati, ville garnison à quelques kilomètres de Bamako.

Sur la route de la Mecque, Kanka Moussa fît halte en Egypte au mois de juillet 1324.

Sa rencontre avec le sultan Mamelouk  An-Nâsir Muhamed ben Qalâûn

Sa rencontre avec le sultan Mamelouk An-Nâsir Muhamed ben Qalâûn a donné lieu à plusieurs versions.

Quand il est arrivé en Egypte, Mansa Musa à campé près des Pyramides pour trois jours. Il a ensuite envoyé un cadeau de 50 000 dinars pour le sultan Mamelouk An-Nâsir Muhammad ben Qalâ’ûn  d’Egypte , du Levant et Hijaz avant de s’installer au Caire pendant trois mois. Le sultan An-Nâsir Muhammad ben Qalâ’ûn lui a prêté son palais pour l’été et fait en sorte que son entourage ait été bien traité.

Cependant, Mansa Musa a dû faire face à son propre test d’humilité, car il a été nécessaire, en saluant le sultan, de s’incliner ver le  sol devant le gardien des Lieux saints et tuteur du Califat Abbasside du Caire.

Ce fut un acte que Mansa Musa ne pouvait se résoudre à effectuer.

Ibn Fadl Allah Al-Omari, qui a passé du temps avec Musa en Egypte, rapporte que Musa avait fait beaucoup d’excuses avant qu’il ne puisse être amené à se rendre dans la cour du sultan. En fin de compte, il a fait un compromis en annonçant que s’il devait se prosterner en entrant dans la cour, il le serait devant Allah uniquement, et ce qu’il a fait.

Mansa Musa se ​​trouvait dans une longue tradition des rois Afrique de l’Ouest qui avaient fait le pèlerinage à la Mecque et, comme ses prédécesseurs, il a voyagé dans ce style.

Ibn Battuta a enregistré l’affichage de la richesse, qui comprenait une grande présence de gardes du corps, des dignitaires, des chevaux sellés, et des drapeaux de couleur. Il a voyagé avec sa femme favorite , Inari Kunate, venue avec ses cinq cents demoiselles d’honneur. 

La première épouse également été respectée et crainte, et les dirigeants des différentes villes ont rendu leurs hommages à cette Reine. Cependant, Ibn Battuta à noté que dans la cour de Mansa Musa, la charia a été assez informellement pratiquée en matière de mariage.

Il rapporte que Ibn Amir Hajib, un membre de la cour mamelouke, a noté comment Mansa Musa a strictement observé la prière et connaissait le Coran, mais avait maintenu « la coutume que si un de ses sujets avaient une belle fille, il l’amena vers le lit du roi sans mariage. »

Ibn Amir Hajib à informé Mansa Musa que ce n’était pas autorisé par la loi islamique, à laquelle Mansa Musa répondit:« Pas même aux rois? » , a déclaré Ibn Amir Hajib, « Pas même aux rois. » Désormais Mansa Musa s’est abstenu de la pratique.

Mansa Musa a distribué des milliers de lingots d’or. La valeur de l’or en Egypte en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a baissé de près de 25 pour cent.

Un roi respecté et craint dans toute l’Afrique

Alors que Mansa Musa était pieux, il n’était pas un ascète. Sa puissance impériale a été largement respectée, et il était craint dans toute l’Afrique. .

Ibn Battuta dans ces écrits de voyages il a décrit que ce Sultan était très craint, respecté par son peuple

Les gens qui le saluaient devaient s’agenouiller et disperser la poussière sur eux-mêmes pour montré le respect.

Même au Caire, Mansa Musa a été accueilli par son peuple à la manière traditionnelle. « Personne n’a été autorisé à entrer dans la présence du roi avec ses sandales; négligence puni par la mort. Personne n’avait le droit d’éternuer en présence du roi, et si le roi lui-même éternuait, les personnes présentes battaient leurs torses avec leurs mains « (Levtzion, 108).

Une autre coutume voulait que le roi ne donnait jamais des ordres personnellement. Il passait des instructions à un porte-parole, qui se chargeait  alors de transmettre ses mots. Il n’a jamais rien écrit lui-même et a demandé à ses scribes de mettre sur pied un livre, qu’il a ensuite envoyé au sultan d’Egypte.

Son retour au Mali

Une année plus tard, en 1325, le roi Mansa Moussa entreprend le chemin du retour riche de son expérience mecquoise et prêt à dupliquer sur son Soudan natal les merveilles entrevues de l’Orient.

Accompagné d’architectes et d’artisans de diverses spécialisations, il fit édifier à Tombouctou des mosquées et des écoles.

La mosquée Djingareyber, encore debout aujourd’hui, fut construire en ce temps là.

Désormais Tombouctou commerce avec toute la Méditerranée, de Venise à Rome et du Caire à Istanbul. Selon le site Celebrity Networth, Kankan Moussa est l’homme le plus riche de tous les temps, avec une fortune estimée à 400 milliards de dollars, bien devant les «empereurs » modernes comme le mexicain Carlos Slim ou l’américain Bill Gate, riches respectivement de 69 et 61 milliards de dollars. Kanka Moussa devance même Guillaume le conquérant, envahisseur de l’empire britannique. »

tombouctou

Tombouctou, Mali

Kanga Moussa lors de son long voyage de retour depuis la Mecque en 1325, Moussa apprend que son armée avec à sa tête le général Sagamandia a repris Gao, en pays Songhaï.

Cette ville avait fait partie de l’empire avant même le règne de Sakoura et constitue à cette époque un important centre commercial bien que ses tendances rebelles soient notoires. Moussa fait un détour par la ville où il reçoit en otages les deux fils du dia Songhaï Yasibo, Ali Kolen et Souleyman Nar. Il revient ensuite à Niani avec les deux garçons et les fait éduquer à sa cour.

Un roi bâtisseur

Moussa fait construire de nombreuses mosquées et madrassas à Tombouctou et à Gao, son œuvre la plus connue restant la madrassa de Sankoré. À Niani, il fait construire une salle d’audience, un bâtiment communiquant par une porte intérieure avec le palais royal. L’édifice « construit en pierre de taille est surmonté d’un dôme décoré d’arabesques colorées. Les fenêtres de l’étage supérieur sont ornées d’argent, celles de l’étage inférieur d’or » (il n’en reste aucun vestige). On lui attribue souvent par erreur la construction de l’actuelle mosquée de Djenné, mais celle-ci date de 1907.

caillie-mosquee-102d4

Esquisse du plan de la grande mosquée de Tombouctou

Influence à Tombouctou

Le souverain malien passe par Tombouctou à son retour de la Mecque et y installe des architectes arabes venus d’Al-Andalus (dont Abou Ishaq es-Sahéli) et du Caire afin d’édifier son palais et la mosquée Djingareyber toujours existante.

Tombouctou est située sur un site favorable, à proximité du fleuve Niger, l’axe de transport principal de la région. La ville devient un carrefour religieux, culturel et commercial, ses marchés attirent les commerçants de l’Afrique occidentale comme d’Égypte, une madrassa est fondée dans la ville (ainsi qu’à Djenné et Ségou) ce qui contribue à la diffusion de l’islam, Tombouctou devient une ville renommée pour son enseignement islamique. Les informations concernant la prospérité nouvelle de la ville parviennent jusqu’en Europe, les commerçants de Venise, Gênes et Grenade rajoutent la cité à leurs circuits commerciaux, ils y échangent des produits manufacturés contre de l’or .

Laisser un commentaire

*

%d blogueurs aiment cette page :