Femmes africaines, source d’inspiration

La sortie du film Black Panther a mis en avant l’importance des femmes dans la société africaine, notamment avec les Dora Milaje, qui sans doute nous rappellent les Amazones du Dahomey.
A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, nous vous proposons des portraits de femmes et reines africaines , qui ont été les pilliers de leur société .
Madeka , Reine de Saba

Makeda, surnommée la reine de Saba, est une femme mythique. À l’époque antique, les femmes noires étaient considérées comme très belles et dotées d’une forte personnalité. Ce fut le cas des reines d’Éthiopie (Kush, Axum, ou encore Sheba). En effet, l’Éthiopie fut dirigée par une lignée de reines belles, puissantes et vierges, dont la célèbre Makeda. C’est un personnage qui aurait régné sur le royaume de Saba, situé aux confins de l’actuel Yémen, de l’Érythrée, de l’Éthiopie. L’histoire raconte que le roi Salomon voyagea en Éthiopie et, à peine arrivé dans ce pays peuplé de Noirs, le Roi fut frappé par la beauté des femmes. La reine est, dans tous les passages, décrite comme une femme sublime et considérée comme un personnage d’une profonde sagesse et d’une haute intelligence.

 

Seh-Dong-Hong-Beh, cheffe des « Amazones » du Dahomey

Depuis le début du 18ème siècle, le Royaume du Dahomey possède, intégré à son corps d’armée, une unité de femmes combattantes. Fondé entre 1708 et 1711 par la reine Tasi Hangbè, le corps des femmes guerrières combat avec vaillance lors de guerres avec des royaumes ennemis. Elles sont appelées Minos, signifiant « Nos mères » en fongbe, la langue officielle du Royaume du Dahomey. Ce sont les Européens qui, découvrant ce régiment de guerrières, les surnomment Amazones, en référence au peuple de femmes guerrières de la mythologie grecque.

En 1851, Seh-Dong-Hong-Beh est la cheffe du régiment des Minos qui, fort de 6 000 recrues, représente un tiers de l’armée. Elle dirige son armée entièrement féminine, armée de lances, de flèches et d’épées, lors d’un assaut contre la forteresse Egba de Abeokuta. Beaucoup périront lors du combat.

Par la suite, les Minos ont tenu tête, aux côtés des autres régiments de l’armée régulière du Dahomey, à l’avancée des colons français. Le corps des Amazones est dissout lorsque le Dahomey est intégré à l’Afrique-Occidentale française.

Nandi Zulu, reine guerriére


Parmi les plus célèbres Reines guerrières de l’Afrique, nous retenons « Nandi » pour sa patience, son courage et sa détermination. Mère du grand « Shaka Zulu », elle s’est farouchement opposée aux envahisseurs esclavagistes qui colonisaient le sud continent et éduqua à son fils à l’art de la guerre.

Chaka Zulu a tout appris de sa mère. Nandi fut d’abord rejetée par sa communauté parce qu’elle était mère non mariée. Mais la culture matriarcale étant très vivace en Afrique, elle réussit à restaurer la place des femmes dans la société Zulu et par l’éducation qu’elle inculqua à son fils, elle le fit monter sur le trône. Elle lui apprit à être un vainqueur, et c’est ce que fut Chaka Zulu : une véritable fierté de l’Afrique du Sud. Plus tard quand il deviendra roi il établira plusieurs régiments dont un composé uniquement que de femmes extrêmement bien entrainées.

Aminatou de Zaria, Reine Guerrière Haoussa qui a inspiré la série « Xena la Guerrière « 

A la mort de son père en 1566, et selon la coutume Haoussa, son frère Karama devient Roi de Zazzaou, malgré qu’il soit plus jeune qu’Aminatou. Cependant, Karama ne règnera qu’une dizaine d’années après une mort soudaine, laissant le trône à Aminatou qui prend sa place sans aucune hésitation. Ni le peuple, ni les militaires de l’armée de Zazzaou ne sont effrayés quant à son ascension au trône, car bien qu’elle ne soit qu’une femme, Aminatou a déjà révélé des dons extraordinaires dans l’art militaire. De surcroit, elle est dotée d’une force physique inégalable qui lui vaut le surnom de « femme aussi capable qu’un homme« . En réalité, Aminatou avait déjà dirigé la cavalerie de son peuple à plusieurs reprises durant le règne de son frère.

Dès son intronisation, elle lance sa première expédition militaire qui va durer trois mois. Elle organise de multiples campagnes militaires car son but est d’agrandir le territoire de Zazzaou en s’emparant des villes situées au-delà des frontières.
Aminatou construira également des murs tout autour des régions qu’elle a réussi à conquérir, murs qui porteront le nom de « Ganuwar Aminatou » ou « Murs d’Aminatou » dont certains existent encore aujourd’hui et embellissent fièrement le paysage de certaines villes Haoussa.
Aminatou Zazzaou restera à jamais gravée dans la mémoire collective des Nigérians qui la surnomment « la Reine Guerrière des Haoussa« , et c’est même d’elle que s’est inspiré le créateur de la série télévisée Xena la Guerrière

Anna Zinga, 1ére femme émancipée d’Afrique

Jeune et d’une beauté stupéfiante,dans son armée,les femmes tenaient un grand rôle. Elles étaient des Amazones, savaient manier les armes et montaient à cheval, et elles étaient rompues au combat contre des éventuels ennemis.
Celle qui se présentait aux Blancs, (Diego Cao et sa délégation), était cette jeune guerrière, la fille du roi, nommée reine Zinga. Redoutable et habile technicienne au tempérament de fer, surtout très habile au maniement de la flèche empoisonnée, la légende disait qu’elle ne manquait jamais sa cible. Elle est devenue reine quand son frère décéda en 1624. Elle plaça des femmes, y compris ses deux sœurs Kifunji et Mukumbu, à tous les postes gouvernementaux. Quand les Portugais ont cassé le traité de paix, elle a menée une armée largement composée de femmes contre eux, qui leur a infligé des dommages terribles, tout en conquérant les royaumes proches dans une tentative de construire une confédération assez forte pour chasser les Portugais de l’Afrique.
Jusqu’à sa mort, elle est restée digne, ne trahissant jamais la cause de son peuple qui lui devait un profond respect. Comme toutes les femmes de cette époque, elle savait se tenir devant les hommes.
Hélas, elle sera trahie par les siens et le pays d’Angola connaîtra l’esclavage, les guerres et la colonisation.

La reine Zinga (Jingha) d’Angola, a marqué l’histoire de l’émancipation de la femme africaine avant l’heure, avant l’arrivée des colonisateurs portugais en Afrique noire.
Malheureusement, elle ne donna naissance à aucun héritier pour lui succéder au trône. Elle fut donc la dernière souveraine à régner sur le royaume d’Angola.

Yaa Asantewa, Reine mère du royaume Ashanti

Durant le règne de son frère, Yaa Asantewa fut témoin d’une série d’événements menaçant le futur de la Confédération Asante ou Ashanti (futur Ghana), notamment la guerre civile de 1883 à 1888. À la mort de son frère, elle utilisa ses droits en tant que reine pour nommer son petit-fils. Ce dernier obligé de partir se former aux Seychelles avec le roi d’Asante, Prempeh Ier, Yaa Asantewaa devint la reine de la confédération.
Après l’exil de Prempeh I, le gouverneur-général britannique de la Côte-de-l’Or, Frederick Hodgson, réclame le Trône d’Or, le symbole de la nation Ashanti. Cette requête mène à une réunion secrète des membres restants du gouvernement Ashanti à Kumasi, pour débattre d’un moyen sûr de ramener le roi ; mais les membres présents sont en désaccord sur la façon de procéder. Yaa Asantewaa, qui était présente à cette réunion, se leva et adressa aux membres du conseil ces mots aujourd’hui célèbres : « Je vois que certains d’entre vous ont peur d’aller se battre pour notre roi. Si c’étaient les jours glorieux d’Osei Tutu, Okomfo Anokye, ou Opoku Ware I, les chefs ne regarderaient pas leur roi se faire enlever sans faire feu. Aucun européen n’aurait pu parler aux chefs Ashanti comme le gouverneur vous a parlé ce matin. Est-ce vrai que la bravoure Ashanti n’est plus ? Je ne peux pas le croire. C’est impossible ! Je dois dire ceci : si vous, les hommes d’Ashanti,  n’y allez pas, alors nous le ferons. Nous, les femmes, le ferons. J’en appellerais à mes camarades femmes. Nous nous battrons ! Nous nous battrons jusqu’à ce que la dernière des nôtres tombe au champ de bataille.»
Après cela, elle prit la tête de la Rébellion Ashanti de 1900, gagnant le soutien d’autres membres de la noblesse.
Débutant en mars 1900, la rébellion assiégea le fort de Kumasi où les Britanniques s’étaient réfugiés.Après plusieurs mois, le gouverneur de la Côte-de-l’Or finit par envoyer 1 400 hommes pour lever le siège, auxquels il fallut joindre 1 200 de plus pour terminer le rébellion. Durant cette attaque, la reine Yaa Asantewaa et quinze de ses plus proches conseillers furent capturés et déportés aux Seychelles. La rébellion fut la dernière des guerres anglo-ashanti qui duraient depuis le 19e siècle. Le 1er janvier 1902, les Britanniques purent enfin atteindre le but que l’armée Ashanti les avait empêchés d’atteindre durant presque un siècle, et l’empire Ashanti devint un protectorat de la couronne britannique.
Le rêve de Yaa Asantewa s’accomplit en mars 1957, quand le protectorat d’Asante obtiendra son indépendance et fera partie du Ghana, première nation africaine à atteindre une telle victoire. Yaa Asantewa représente le symbole du courage contre l’injustice du colonialisme britannique.

Il y a 198 ans, les femmes de Nder préfèrérent la mort à l’esclavage.

En effet, le mardi 7 mars 1820, le Brack (roi du Walo) était absent de son territoire et l’ennemi Maure en profita pour attaquer la capitale. Surpris de la forte riposte des femmes déguisées en hommes, les assaillants se replièrent. Mais les femmes crièrent victoire très tôt ; et en ôtant leurs turbans elles dévoilèrent leur féminité. Les maures dans un sursaut d’orgueil mâle revinrent à l’attaque et finalement eurent raison de ces braves guerrières. La Linguère Fatim Yamar Khouryaye Mbodj qui avait organisé la résistance a préféré se brûler vive avec plusieurs de ses compagnes, préférant la mort à l’esclavage. Mais en décidant de faire échapper ses deux filles, Dieumbeut Mbodj et Ndaté Yalla, pour disait-elle perpétuer la lignée, elle avait pris un acte de haute portée politique. En effet ces dernières finiront par diriger le Royaume. En fines stratèges, elles avaient réussi à influencer le collège des électeurs. Selon les archives coloniales, elles ont offert pendant les 3 jours que durèrent les consultations 1500F de l’époque. La tradition orale nous précise qu’elles ont offert des repas princiers et un kilo d’or par jour. Elles ont fait élire leur cousin Mambodj Malick, dernier Brack du Waalo mais presque inconnu des sénégalais. Ce sont les deux sœurs Ndjeumbeut et Ndaté Yalla qui dirigeaient réellement le royaume.

 

 

Rose Dieng, première femme africaine diplômée de l’école polytechnique de Paris

Spécialiste en intelligence artificielle et en informatique, Rose était ce qu’on appelle une savante. Ses compatriotes la découvrent en juillet 1972 quand elle remporte quatre prix au concours général.


Après le Bac à Van Vo (mention Très bien), elle intègre les classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Fénelon à Paris, maths-sup, maths-spé, puis réussit l’entrée à Polytechnique en 1976. Après une spécialisation à l’École nationale supérieure des télécommunications, elle soutient une thèse de doctorat à l’université Paris-Sud en informatique sur la spécification du parallélisme dans les programmes informatiques. Elle travaille de 1985 à 2008 à l’Inria sur le partage de connaissances sur le web, notamment dans les débuts du web sémantique. Sa voie est trouvée : la recherche, à l’Inria de Sophia-Antipolis, pôle technologique de la région niçoise. Elle y est la première femme à monter et à piloter un programme, Acacia, exotique acronyme pour « acquisition des connaissances pour l’assistance à la conception par interaction entre agents », comme le soulignait le journaliste Pierre Le Hir dans « Le Monde ».

L’objectif de son travail : mettre au point des méthodes et des outils logiciels permettant à une communauté, entreprise ou institution, de « capitaliser et partager des savoirs » fondateurs d’une « mémoire collective. Rose Dieng avait choisi de vivre en France, mais elle avait conservé sa nationalité sénégalaise, selon « Le Monde ». Elle reçoit le prix Irène-Joliot-Curie en 2005 et est nommée chevalier de la Légion d’honneur en 2006, souligne sa biographie sur Wikipedia. Elle est désignée « scientifique de l’année » en France en 2005. A son décès, à 52 ans, La communauté scientifique a salué sa mémoire. A Nantes, il existe une rue Rose-Dieng-Kuntz. La scientifique n’a pas eu « le temps » d’écrire le roman autobiographique qui lui tenait tant à cœur.

Laisser un commentaire

*

%d blogueurs aiment cette page :