Le Royaume Kongo : Organisation politique et sociale

Le royaume Kongo était un empire de l’Afrique du sud-ouest, situé dans des territoires du nord de l’Angola, de Cabinda, de la République du Congo, l’extrémité occidentale de la République démocratique du Congo et d’une partie du Gabon. À son apogée, il s’étendait de l’océan Atlantique jusqu’à l’ouest de la rivière Kwango à l’est, et du fleuve Congo jusqu’à la rivière Loje au sud.o.

 

Avant l’arrivée des Portugais, à la fin du XVe siècle, l’ancien royaume du Kongo, dont la formation territoriale est succinctement retracée, vivait avec des institutions religieuses, politiques, sociales, économiques, figées dans une longue tradition. En apportant leurs marchandises et le christianisme, les premiers Européens lançaient un défi qui se termina par la victoire des colons portugais de l’Angola en 1665. Mais le succès militaire ne fut pas accompagné d’un succès politico-culturel ; pire encore, la christianisation limitée à une étroite caste dirigeante fut compensée par une déstructuration rapide et désastreuse du pays. Secouant l’hégémonie de l’ancienne capitale, les marges maritimes se détachèrent et se constituèrent en États courtiers, indépendants, tandis que, de leur enclave angolaise, les Portugais accaparaient les ressources du Congo intérieur. De cette pénétration, il résulta pour les Congolais une régression technologique importante, qui les contraignit à acheter aux Européens les articles qu’eux-mêmes avaient si longtemps fabriqués, et cela avec la plus humiliante des monnaies : les esclaves.

ORGANISATION:

Le Mani-Kongo ( titre de chef politique:« gérant » ou « premier responsable » du peuple et de son bien-être chez les peuples Kongo ) n’avait pas un royaume héréditaire. Tous les proches parents du roi, fils ou neveux, pouvaient briguer le trône de fer. Mais la préférence allait à la succession matrilinéaire. Le roi, en général, avant de mourrir, indiquait son choix. Cependant le conseil électoral mené par trois grands électeurs, Mani Vaudou(1) , Mani Mbatou et Mani Soyo, restait le maitre, non sans risques d’ailleurs. En fait ce mode de succession fut l’une des causes de l’affaiblissement du pays. Le pouvoir absolu du roi se marquait par le fait que les gouverneurs n’étaient pas héréditaires. Dans toutes les provinces du royaume, le roi désignait le successeur du gouverneur dans la famille du défunt, à l’exception de ceux des provinces du Soyo et du Mbata, où les notables locaux soumettaient leur choix à la validation du roi. Au nord de la capitale, on trouvait un bois sacré qui servait de nécropole des rois, toute coupe y était interdite.

Au sud, on trouvait le Mbazi, une grande place qui servait de cour de justice, où le roi siégeait sous un immense figuier. Les peines étant en généra légéres. Le roi Alfonso, à la vue d’un code en cinq volumes , envoyé du Portugal, déclarait que s’il fallait s’y conformer, on passerait plus de temps à juger qu’à gouverner.

Il arrivait très souvent que la population se réunisse sur le Mbazi pour recevoir la bénédiction du roi. Le Mbazi servait aussi de place de fête.

L’enceinte royale fermée par un pourtour de plus d’un kilomètre, était constituée de pieux et de lianes. les entrées étaient protégées par des gardes et des sonneurs de trompes. A l’intérieur on trouvait une place et une seconde palissade qui encerclait les demeures du roi et de la reine dont l’accès se faisait par un labyrinthe. Les apparitions du roi se faisaient sur une estrade, il était alors assis sur un fauteuil en ivoire, arborant des bracelets d’ivoire et de fer, et un buste luisant ou encore il était couvert de peaux de bêtes réservées exclusivement à son usage ou d’étoffes artistiquement tissées. Il était coiffé d’un bonnet brodé et portait sur son épaule, une queue de zèbre.

Il était d’usage de s’agenouiller ou de se prosterner devant le roi et surtout de s’asperger de poussière sur la tête avant de demander sa bénédiction, qu’il accordait en levant le bras et en remuant les doigts.

Des coureurs placés de relais en relais se tenaient près à transmettre en urgence, les ordres du roi. Les distances à parcourir étaient estimées en journées d’homme chargé ou non. L’armée du Mani-Kongo était composée en majorité de fantassins munis d’arcs de petite taille et de flèches enduites de sève toxique. Ils portaient une cuirasse faite de peaux d’éléphant, et avaient la maîtrise des tactiques et des ruses de guerre. Par exemple, ils attaquaient les portugais sous la pluie quand les arquebuses et les bombardes ne pouvaient être mises à feu.

La communication au sein de l’armée se faisait à l’aide de divers instruments (olifants d’ivoire, tam-tam). L’armée se débandait dés que le général était tué: l’intendance n’étant pas assurée, l’armée vivait sur l’habitant.

Les coquillages extraits des mines de l’île de Louanda servaient de monnaie.

Les gens du peuple étaient très industrieux: ils tiraient par exemple de certains gros poissons une huile, qui , mélangée avec de la poix, leur devrait pour calfater les embarcations. Les guérisseurs pratiquaient la saignée pour soignée certaines maladies et se servaient d’onguents, de sucs et de poudre.

Les tisserands kongolais étaient passés maîtres dans l’art de tisser à partir de simples feuilles de raphias ou de palmiers, des étoffes brodées d’un coloris remarquable ressemblant à du velours ou à du satin velouté. Les rois et les grands portaient des chaussures “à l’antique” et tandis que les pauvres, hommes et femmes allaient pieds et buste nus, les nobles se couvraient de tissus fins, de peaux précieuses, et les femmes de condition se couvraient le bas du corps de trois bandes d’étoffe, l’une descendant jusqu’aux talons, la seconde plus courte, et la troisiéme plus courte encore, et ourlées de franges, chacune d’elles étant drapée en largeur et s’ouvrant en avant. Elles se couvraient la poitrine d’une écharpe qui descendaient jusqu’à la ceinture.

Dés le XVé siécle, la musique congolaise était jugée raffinée et délicieuse par les premiers Européens: “Ils pincent magistralement du luth” ecrit Pigafetta.

Le royaume a donc su d’organiser et gérer ses différentes institutions afin de promouvoir son développement et son expansion.

 

Définitions:

(1) : Chef de terre de San Salvador, il officiait dans les rituels du sacre royal.

Sources:

http://books.openedition.org/editio… :

Présentation du livre L’ancien royaume du Congo des origines à la fin du XIXe siècle

Histoire de l’Afrique Noire – Joseph Ki-Zerbo

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