S’il y a bien une chanson bien connue au Sénégal et bien appréciée en Afrique, c’est bien la chanson « Birima » de Youssou Ndour.
Birima est un roi, une incarnation de la société Ceddo, une personnification de nos valeurs mais aussi le symbole de la joie de vivre africaine.
Image du clip Birima de Youssou Ndour
Etant plus jeunes, on aurait bien pu croire que c’était le Monsieur dans le clip qui était ce fameux Birima que Youssou Ndour chante. Il n’en est rien.
Birima est un personnage mythique de l’histoire et de la culture sénégalaise.
De cette chanson, Youssou dira : « C’est ma mére qui m’a raconté l’histoire de Birima, un roi sénégalais du XIXe siècle. C’était un homme peu loquace – il ne s’adressait à son peuple qu’une fois par an – mais très respectueux de la parole donnée. J’ai composé une chanson en hommage à ce roi. Birima figure sur mon album Joko: From Village to Town et elle est devenue un hymne en Afrique.»
En effet Birima est le 28 é Damel du Kayoor (roi du Kayoor), un ancien royaume du Sénégal.
Il a cette particularité d’avoir été Damel avant son pére ,le futur Damel Macodou Coddou Coumba.
Il a succédé au Damel Maysa Tend Joor .
D’ailleurs Youssou Ndour commence sa chanson « Birima »par :
« Maysa tende jodo yaa moom liile » – Maysa tende jodo cette chanson t’est dédiée.
Birima était aussi aussi surnommé Birima Maysa Tend Joor, du nom de son grand-père, Damel lui aussi (1832-1855) qui l’éduqua, l’aima et l’estima fort beaucoup et à qui il succéda sur le trône.
Fils de la Linguére Ngoné Latyr Fall, demi frére du futur Damel Lat Dior et des Bour Saloum Samba Laobé Fall et Fakha Bouyo Fall, et de Birima Bouya Fall, Birima Ngoné Latyr Fall* règne pendant quatre ans, de 1855 à 1859. Malgré la courte durée de son règne. Il était un bon roi, aimé de tous ses sujets, a su gagner l’estime de son peuple . On chante encore ses louanges. , Birima est très populaire dans la culture sénégalaise.
C’est le premier Damel à avoir eu des démêlés avec les impérialistes français basés à l’époque à St Louis, car, après avoir signé avec eux un traité dont il ignorait le « fond », il fit vite volte-face lorsqu’il se rendit compte que ce pacte n’était en fait qu’un simple leurre en vue d’annexer son royaume. Le chemin de fer, tant convoité par les colons français servait plutôt à transporter leurs troupes.
Birima fut l’une des dernières incarnations de la société Ceddo. Le code du Ceddo, fondé sur le sens de l’honneur, le respect de sa parole et la bravoure est similaire à celui du Samouraï. Cet esprit noble s’interdit la lâcheté, le mensonge et la trahison, et Birima en a donné l’exemple. Ce n’est pas un hasard si les griots chantent ses louanges, bien avant Youssou ndour, en mettant en exergue sa parole, comme un trait de caractère fondamental: « Birima ma ca benn baat ba Bou wahee rene, ba laa waxaat dewen » (celui qui n’avait qu’une seule parole et qui ne parlait qu’une fois l’an).
On raconte qu’un jour, du temps du régne du Damel Maysa Tend Joor ,Amary Mberry Tall, un frére de son grand pére paternel, Birima Fatma Thioub, qui a régné avant Damel Maysa Tend Joor vint voir ce dernier. pour lui demander de le nommer « Dieuwrigne de Mboul », clamant que ce titre lui revint de droit.
Amary Mberry Tall, trouva Birima, tout jeune à l’époque, entrain de jouer avec ses amis dont Demba War sall, et lui demande d’intercéder en sa faveur au prés de son grand pére le Damel Maysa Tend Joor. Ce dernier renvoya Birima sous pretexte que l’affaire était trop sérieuse pour qu’un enfant s’en mêle . Piqué dans sa dignité, il revient voir Amary Mberry Tall et lui promit qu’une fois Damel, il le nommera « Dieuwrigne de Mboul ». Au moment d’être élu Damel, il posa comme condition, qu’on le laisse nommer Amary Mberry Tall , Dieuwrigne de Mboul,car il le lui avait promis et il tient à sa parole. Et c’est ce qu’il fit , une fois élu.
Birima nous apprend donc ici l’importance de la parole donnée. C’est ce trait de caractère dont la culture populaire se souvient et les griots ne cessent de chanter ses valeurs.
Youssou Ndour continue sa chanson avec :
« Yay borom mbaboor mi – Tu es le porteur de joie et d’allégresse
Hi woy birima fumu yendu ma yendu fa yendo naanee » – Partout où il est, on y boit et on y mange à volonté
Son sens légendaire de la joie et de la paix lui valut le surnom de « Borom Mbaboor mi », c’est-à-dire le porteur de joie et d’allégresse.
Birima et son grand père Maysa Tend Joor sont tellement restés dans la mémoire populaire que les lieux de rencontre entre amis ou lieux de fête sont appelés « al Jannah Maysa Tend Joor », le paradis de Maysa Tend Joor.
Il était aimé de tous ses sujets, particulièrement la classe modeste des Badoolas. Il renonça à l’exercice du pouvoir. Il s’engagea à libérer les Badolos de l’étreinte et des abus du pouvoir aristocratique. Son père Macodou Coumba Yandé lui succède après seulement quatre ans de règne.
Références culturelles sur Birima
1.Chanson Birima de Youssou Ndour
2. Chanson Damel Fall de Ndeye Mbaye Djinma Djinma en duo avec Youssour Ndour qui reprend quelques paroles de sa chanson Birima
https://www.youtube.com/watch?v=R1tOB9fbqVI
3.Série Lat Dior dont le 1er épisode est dédié à son demi frére le Damel Birima Ngoné Latyr interprété par Amadou Samba Thiam Valdi
https://www.youtube.com/watch?v=KDpOoLL2UsU&t=270s
Damel : Titre du roi du Kayor
Bour Saloum : Roi du Saloum
Linguére : Princesse
Birima Ngoné Latyr Fall : il était d’usage de rajouter le prénom de la mère , d’où le fait qu’on dise Lat Dior Ngoné Latyr ou Birima Ngoné Latyr, pour faire référence à leur mère Ngoné Latyr,elle-même fille du Damel Maysa Tend Joor à qui son fils Birima a succédé