Maba Diakhou Ba, « l’ennemi public numéro 1 » des Français

Le 18 Juillet 1867, Maba Diakhou Ba est tué à la bataille de Somb. Retour sur ce résistant anti colonial sénégalais.

Maba est né vers 1809 à Tawacaltou, (un ancien village situé près de l’actuel Keur Seth Diakhou, dans le Département de Nioro du Rip).

La tradition orale rattache la famille de Maba à la lignée de Koly Tenguela, fondateur de la dynastie des Dényanké, une aristocratie Peul non islamisée qui a dirigé le Fouta Toro pendant plusieurs siècles, jusqu’à la révolution Toorodo de Souleymane Baal et Abdel Kader Kâne en 1776.

Maba Diakhou BA débuta ses premières études coraniques auprès de son père, avant de les poursuivre au Cayor et au Djolof. Maba Diakhou BA rentra définitivement dans le Rip, dirigé par Diéréba Marone, vers 1827, après la mort de son père et suite à une demande insistante de sa famille.

En 1846, Il rencontra Elhaj Oumar Foutiyou Tall, qui lui donna le wird Tidiane et l’investit comme son représentant dans cette partie de la Sénégambie.

Il fut un propagateur de l’Islam en Sénégambie et un résistant à la conquête coloniale française dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Considéré comme « l’ennemi public numéro 1 » par les Français, l’œuvre de Maba Diakhou BA était dès le début en opposition à celle des Français, installés à Saint-Louis du Sénégal, point de départ de leurs conquêtes coloniales. La confrontation la plus mémorable entre les troupes de Maba et celles françaises a eu lieu le 30 novembre 1865 à Pathé Badiane, près de Nioro du Rip. Les troupes françaises, commandées par le gouverneur Pinet Laprade, ont mobilisé 7.600 hommes lors de cette opération destinée à anéantir l’action de Maba, lors de cette opération dénommée « Nioro Rip », de son nom de code.

Maba Diakhou BA, en fin stratège, a été un des rares dirigeants africains à l’époque à penser unir ses forces à celles d’autres souverains pour contrer l’action de la France coloniale. Avec des guerriers aguerris sous la direction de Lat Dior, Thilmakha de son nom de converti musulman, il infligea aux troupes coloniales l’une de leurs plus grandes défaites.

Deux canons appartenant à l’artillerie française furent arrachés aux hommes de Pinet Laprade. Les tactiques et stratégies militaires utilisées lors de la bataille de Pathé Badiane, dite aussi celle de Paos Koto, sont encore enseignées aux soldats en formation au Sénéga

Maba Diakhou Ba meurt le 18 juillet 1867 à Somb, lors d’une bataille contre les troupes du roi du Sine, Coumba Ndoffène Diouf Fa Mack.

La bataille de Somb fait suite à une attaque menée quelques mois auparavant par des troupes de l’Almamy, dirigées par Lat Dior Diop, contre une position du roi du Sine, à Keur Ngor.

Cette bataille est, dans la tradition orale du Sine, passée à la postérité sous l’appellation de « mbettoum keur ngor » (l’attaque surprise de Keur Ngor).

Malheureusement, à la mort de Maba en 1867, son action s’arrêta suite aux rivalités internes entre ses héritiers et des guerres intestines.

En 1887, son successeur Mamour Ndary est contraint de signer un traité de protectorat avec la France, qui lui imposa la perte d’une grande partie des territoires controlées sous Maba Diakhou BA.

Les descendants de Maba Diakhou BA, Almamy du Rip, dont une bonne partie de cette descendance se trouve en Gambie, où son fils aîné, Saer Maty Ba s’était exilé après sa mort, pour échapper aux Français, célèbrent chaque année sa geste à travers une visite organisée à Somb (région de Fatick) où il repose.

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