Qui étaient les Dogon ?
Selon leur tradition orale, les Dogons auraient émigré du Manden vers les montagnes ; leur installation daterait des XIVe et XVe siècles, dans le site de Sanga. Les Dogon auraient trouvé dans les montagnes d’autres populations auxquelles ils donnèrent le nom de Tellem (« nous les trouvâmes sur place »). Ces populations auraient quitté le pays à l’arrivée des Dogon pour s’établir au Yatenga.
Il est admis aujourd’hui que les Dogon viennent des régions méridionales (Manden), mais bien des questions restent en suspens et sur les Dogon et sur les Tellem ; des études comparatives des poteries dogon et de celles des Maninka de Niani — les poteries à pied — laisseraient croire à des contacts entre ces deux ethnies.
Une culture commune liait ces populations soudano-sahéliennes. Le cadre créé par l’empire renforça les points communs et atténua les divergences par le système de correspondance des noms, par les liens de cousinage et de parenté à plaisanterie entre Mandenka et Fulbe, entre Fulbe et Wolof, entre Mandenka et peuples de la côte de façon générale.
À l’intérieur de la boucle du Niger s’étendent des falaises dont la plus connue est celle de Bandiagara ; elles appartiennent à l’ensemble montagneux du Hombori. Dans ce site montagneux vivaient les Dogons sur lesquels les souverains de la savane avaient peu de prise. Ils vivaient en petits villages accrochés au flanc de la montagne : toutes les tentatives pour les dominer se soldèrent par des échecs.
Le Pays Dogon se situe au sud-ouest de la boucle du Niger, dans la région administrative de Mopti (cercles de Bandiagara, Koro et Bankas), près de Douentza et, au Burkina Faso, au nord-ouest de Ouahigouya. Dans le cercle de Bandiagara, 80 % de la population est Dogon, de confession traditionnellement animiste. A l’est des cercles de Koro et Douentza, à la limite du Gourma, c’est-à-dire du pays des Peul.
Le pays Dogon est donc entouré par un monde musulman : d’abord par les Peul, éleveurs nomades, par les agriculteurs Mossi et Bobo, et par les pêcheurs Bozo.Le pays Dogon semble perdu au milieu du Mali mais il demeure l’un des sites les plus fascinants de l’Afrique de l’Ouest. Les Dogon et la Falaise dans laquelle ils vivent représentent un monde à part : un univers vertical, structuré autour d’un Renard Pâle et de dieux sans pareils, de Forgerons et de » Hogon », d’Initiés et de Débutants, de fêtes se déroulant tous les 60 ans, de masques et de danses incomparables, de légendes archi-complexes et fascinantes. Les Dogon vivent dans une tradition animiste au cœur d’un pays musulman.
La culture dogon est l’une des plus étudiées en Afrique Noire, mais dans une perspective ethnologique bornée qui ne permet pas de situer les Dogon dans le temps par rapport aux autres populations soudanaises ; les travaux de Bedaux ont ceci d’original qu’ils tentent d’établir des relations entre Dogon, Tellem et d’autres peuples de la boucle du Niger, dans une perspective socio-historique. Les objets d’art dogon sont célèbres dans le monde entier, mais les plus beaux se trouvent non pas au musée de Bamako, mais dans les musées européens et dans les collections privées euro-américaines.
Les Dogons vivent dans le monde mystérieux des symboles, signes hiéroglyphes, couleurs, emblèmes, objet qui, constituant un langage sans parole, noncent le rapport de l’homme au monde : c’est le règne du sacré. Le pays dogon a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco pour la richesse de sa civilisation. Les Dogons sont également reputes pour leur art, en particulier leurs masques spectaculaires qui correspondent à des rites complexes. Le culte des ancêtres et l’animisme sont encore très présents.
Grâce à leurs traditions : dialectes, chansons danses, cultes, pratiques rituelles, fêtes etc., les Dogons sont riches de leurs différences. Ils se rattachent à un patrimoine culturel propre qui les pourvoit d’une morale et d’une histoire, avec une identité très forte. Les Dogons vivent de l’agriculture et cultivent le mil, le mais et l’arachide. Le pays Dogon n’est pas uniquement peuplé de dogons : y vivent également des Bambaras et des Peuls. La langue officielle reste cependant le français, même si peu de gens le parlent bien au sein du Pays Dogon.