Découvrez l’origine africaine de la civilisation

Un berceau de l’humanité et des savoirs

Aujourd’hui, la science reconnaît unanimement que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Les premières traces de l’Homo sapiens y ont été retrouvées, attestant que nos ancêtres sont nés sur ce continent avant de se disperser à travers le monde. Mais l’héritage africain ne s’arrête pas à son rôle de matrice biologique : il est aussi celui des premières formes d’organisation sociale, culturelle et intellectuelle qui ont façonné la civilisation humaine.

En 1974, le savant et humaniste sénégalais Cheikh Anta Diop a bouleversé les paradigmes établis en démontrant l’influence des civilisations africaines anciennes sur l’histoire universelle. Dans son ouvrage « Nations nègres et culture », il s’attaque à l’eurocentrisme et rétablit la vérité sur les fondations africaines de la civilisation, notamment à travers l’exemple de l’Égypte pharaonique.

L’Égypte antique : une civilisation africaine

Longtemps considérée à tort comme une civilisation isolée ou d’origine asiatique, l’Égypte antique est, selon les recherches de Cheikh Anta Diop, une civilisation fondamentalement africaine. Par ses structures politiques, ses croyances spirituelles, sa culture matérielle et même les traits physiques de ses populations, l’Égypte pharaonique appartient pleinement au monde africain.

Au-delà de l’Égypte, l’Afrique regorge d’autres civilisations qui ont marqué l’histoire mondiale. Le royaume de Koush, qui rivalisait avec l’Égypte et dont les pharaons noirs ont régné sur la vallée du Nil, est un exemple frappant de cette continuité historique.

Diop s’appuie sur des preuves linguistiques, anthropologiques et historiques pour démontrer que les anciens Égyptiens partageaient de nombreuses similitudes avec d’autres peuples du continent, notamment ceux du Sahel et de l’Afrique subsaharienne. Il insiste également sur l’influence de cette civilisation sur la Grèce antique, souvent considérée comme le point de départ de la civilisation occidentale. Des penseurs grecs comme Platon, Pythagore ou encore Hérodote ont eux-mêmes reconnu que leur savoir provenait des écoles de pensée égyptiennes.

Les grandes civilisations africaines : un legs méconnu

D’autres empires comme ceux du Ghana, du Mali et du Songhaï ont prospéré grâce à leur maîtrise du commerce, des sciences et de l’administration. Tombouctou, capitale intellectuelle de l’Afrique médiévale, abritait la célèbre université de Sankoré, où des savants venaient de tout le monde musulman pour étudier les mathématiques, l’astronomie et la médecine.

Des civilisations moins connues mais tout aussi influentes, comme le royaume du Kongo, le Monomotapa ou les cités-États swahilies, ont également contribué à l’essor du savoir et des arts bien avant l’arrivée des puissances coloniales.

Réhabiliter l’histoire africaine

L’œuvre de Cheikh Anta Diop ne se limite pas à une réinterprétation de l’histoire, elle représente un appel à la reconquête de l’identité africaine. Il a ouvert la voie à de nombreux chercheurs africains et afro-descendants qui continuent aujourd’hui de mettre en lumière les contributions du continent au progrès humain.

Reconnaître l’origine africaine de la civilisation, c’est rétablir une vérité historique longtemps occultée, mais aussi redonner aux Africains et à la diaspora une fierté et une conscience de leur héritage. C’est dans cette perspective que se construit une réécriture de l’histoire plus juste et plus inclusive, où l’Afrique retrouve sa place en tant que pilier fondamental de la civilisation mondiale.

« Le passé inspire le futur », et en explorant les vérités historiques, nous pouvons bâtir un avenir où l’Afrique ne sera plus seulement considérée comme un réservoir de matières premières ou de folklore, mais comme un creuset de civilisations et d’innovations qui ont marqué l’humanité.