Koly Tenguella : Fondateur de la dynastie des Denyankoɓé

Coly Tenguella BA est un véritable personnage de légende autour duquel ont été brodés divers mythes. On s’accorde à dire que Koly Tenguella est le fils du roi des Peuls de Kingui battu et tué en 1512 par le frère de Askia Mohamed, appelé Amar.
Koly, qui était momentanément absent, prend la décision de se rendre au Sénégal. En effet, son père, Tenguella BA qualifié du titre d’Ardo par ses compatriotes peuls et de celui de Satigui par les mandingues, résidait à Kingui, province de Diâra et Nioro. Soutenu probablement par l’Empereur du Manding, il prêcha la révolte contre l’Askia et fit la guerre au roi de Diâra parce que celui-ci a accepté la suzeraineté du Songhaï ; c’est ce qui causa la perte du père de Coly Tenguella.  Certaines sources, prétendent que Koly Tenguella serait un descendant du Mansa, Soundiata KEITA, de par sa mère qui s’appelle Nana KEITA. Il est certain que Coly a fait ses premières armes en pays malinké, mais son père était Peul, du clan des BA, et était donc originaire du Fouta-Toro,

Il créa plus tard la catégorie des fulɓe Denyankoɓé, nom de la dynastie qu’il allait installer au Fouuta-Tooro. Les princes de cette dynastie portaient, comme leur ancêtre Tenguella , le titre de « silatigui » ou « siratigui », devenue « siratique » dans les relations des voeyageurs français et « satigui » dans la langue du pays.

La Mansa qui régnait alors au Manding , Mamadou II, avait demandé l’aide du roi  Jean III du Portugal contre les empiétements de Koli Tenguella sur ce qu’il considérait comme une partie de ses Etats ; mais Jean III s’était contenté d’envoyer à Mamadou II, en 1435 au lieu d’une armée , un simple ambassadeur nommé Peros Fernandez.

Koli Tenguella avait pour mission de finir ce que son père avait commencé, c’est-à-dire établir l’unité des Fulbe ou Peulhs, car à l’époque où l’empire songhaï dominait, les Peulhs n’étaient pas unifiés, surtout dans les royaumes mandingues. Ils étaient victimes de beaucoup de superstitions, de brimades et n’avaient pas véritablement de royaume, d’État propre. Menant une vie nomade, errant de royaume en royaume, ils n’avaient pas de véritable chef sur qui s’appuyer, avec lequel ils pouvaient s’organiser, se défendre et se faire respecter, même si quelques Peulhs se sont fait remarquer en tant que chefs, mais souvent pour le compte des empereurs mandingues ou songhais.
Le seul État où les Peulhs avaient plus ou moins réussi à s’imposer, le Fouta-Toro, était dominé par les Wolofs, à l’époque de l’empire du joli-lofoo via le farba.

Koly, investi de la mission de son père, réunit ce qui restait de son armée et parcourut les royaumes depuis le Fouta-Djalon, dominé par les Dialonké qu’il incorpora dans son armée, en passant par le Badiar, le Kaabu, les royaumes sérères, le Djolof, le Niani, le Wouli, le désert du Ferlo, dans le but de réunir toutes les tribus Peules et malinkés (en particuliers de clan camara , fofana, keita , gassama, etc)en vue de la guerre. Dans sa remontée vers le Fouta-Toro, il dut – lui et son armée constituée de Mandingues, de fulɓe, et de tout individu appartenant à tous les ethnies du Sénégal sans exception, Diolas, Bassaris, Coniaguis, Nalous et Bagas de Guinée – se confronter aux nombreux souverains des royaumes qu’il traversa.

Avec plus ou moins de succès, il réussit à atteindre le Fouta-Toro et là, après plusieurs tentatives, il parvint à imposer sa dynastie, vers le milieu du XVIe siècle jusqu’à l’année 1776, lors de la révolution torodo orchestrée par Souleymane Baal et Abdoul Kader Kane.Koli. Tenguella imposa sa domination sur un axe sud-nord, allant du Fouta-Djalon jusqu’au Fouta-Toro. Après sa mort en 1537, ses nombreux frères lui succédèrent, continuant sa politique d’expansion.

Quelques méthodes de Koli Tenguéla
Selon la tradition, Koli épousait fréquemment les filles et veuves de ses victimes. Cette attitude de conciliation à l’endroit des peuples conquis rendait moins lourde la domination des Peuls et faisait participer réellement à l’exercice du pouvoir les vaincus sans parler de leur incorporation dans son armée. C’est incontestablement une des sources de la force et du succès de Koli. En effet, les Peuls nomades, s’ils vivaient parfois pacifiquement à côté des populations autochtones, se mêlaient rarement à elles en ces temps-là. C’est à partir de la sédentarisation et de l’islamisation que les alliances, les brassages et échanges matrimoniaux vont s’accélérer. Par ailleurs, dans ses conquêtes, Koli a toujours pris soin d’associer les minorités non peules à l’exercice du pouvoir.
Selon Omar Kane spécialiste de l’histoire du Fouta Toro, je cite « Il est possible que Koli ait été guidé par un certain nationalisme, ce qui est incontestablement le cas de son père. Sa guerre contre le Songhai, le Mali et les principautés mandingues de la Gambie a revêtu un caractère politique, mais aussi économique, visant à contrôler les routes de l’or tout en libérant les Foulbhés de la tutelle des tyrans ».

La fin de la dynastie Dénianké païenne fondée par Koli
Cette dynastie régna environ trois siècles au Fouta Toro. C’est en 1776 qu’un grand marabout toucouleur, Souleymane Bal, fomenta une révolte et renversa le dernier chef dénianké Sulé Bubu. Elu chef du Fouta, Souleymane Bal se désiste en faveur d’un autre marabout, un valeureux guerrier Abdoul Kader Kane. C’est le début du royaume islamique du Fouta Toro qui est bien postérieur à la Confédération théocratique du Fouta Djallon fondée environ 50 ans plus tôt.

Almamy Abdel Kader Kane
Almamy Abdel Kader Kane

En effet, la révolution menée par Thierno Souleymane BAL en 1776 a eu raison de la dynastie fondée par Coly Tenguella. Un Etat théocratique basé sur des règles de succession et dont le souverain prenait le titre de Almamy, vint alors remplacer la dynastie fondée par Coly Tenguella. Et c’est le grand marabout, El Hadji Omar TALL, qui a mené une guerre sainte contre le colonisateur (1797 – 1864) et donc a ruiné tout espoir de reconstitution de cet empire des Déniankobé. En dépit, de cette chute des Déniankobé, le souvenir de leur règne est encore resté vivace et gravé à jamais dans le souvenir des Foutankobé.

 

 

 

 

 

 

Sources :

Les Noirs de l’Afrique , Maurice delafosse

http://baamadou.over-blog.fr/article-un-personnage-de-legende-du-senegal-coli-tenguella-ba-par-m-amadou-bal-ba-texte-publie-dans-ferl-116790631.html

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