Cheikhou Cissé, des fronts de guerre au bagne !

Cheikou Cissé (Chorboze, 1890 – Nouméa, 1933) est un tirailleur sénégalais, né dans le Niger actuel (Soudan français en 1918) et mort au bagne en Nouvelle-Calédonie, ayant été condamné à une peine de déportation à perpétuité par le conseil de guerre de Dakar en 1918. Cissé a été le dernier bagnard de Nouvelle-Calédonie, les autres ayant été transférés en Guyane française.

 

Né au Soudan français, Cheikhou Cissé avait été recruté en octobre 1914 dans le 4e Régiment de « Tirailleurs Sénégalais » pour participer à la 1ere guerre mondiale.

Ce corps militaire recrutait dans toute l’AOF (empire colonial). Il furent près de 200 000 à combattre en 14-18, 15% furent tués.

Un recrutement qui s’appuya un peu sur le volontariat, mais surtout sur la force, suscitant des résistances et des révoltes, violemment réprimées.

Cheikhou Cissé s’était battu au Maroc, et aux Dardanelles, où il avait été blessé, puis rapatrié au Sénégal en 1917.

Les autorités le contraignent à y rester malgré ses demandes de rejoindre sa famille au Soudan français (actuel Mali).

Pour les autorités militaires, Cheikhou Cissé, bien que blessé, est encore mobilisable, et elles refusent de le laisser partir rejoindre sa famille comme il le demande.

Cissé insiste, lutte pour ce simple droit, proteste. Le voilà qui devient, aux yeux de l’ordre colonial, un « fauteur de troubles »

Il est arrêté le 17 octobre 1917 à Dakar pour « complot contre la sûreté de l’État » et « excitation à la guerre civile ». Il demandait juste de rentrer chez lui après avoir combattu pour la France et avoir été blessé au combat.

Le , il est condamné à la déportation à perpétuité, en Nouvelle-Calédonie, par le conseil de guerre de Dakar , sévérité coloniale et militaire se conjuguent dans cette condamnation inique.

Cheikou Cissé devient alors l’objet d’une campagne visant à sa libération, organisée par la gauche. Il est soutenu par les associations anticolonialistes, le Secours rouge international et le député communiste André Marty .

Une demande de grâce présidentielle est déposée. En vain , le président Painlevé refuse la grâce ci dessous un article du Peuple de 1932 consacré à Cissé.

l’Humanité lui consacre également un grand nombre d’articles comme ici le 14 juillet 1933 (voir la liste  )

ou là (octobre 1933)

En 1932, le Secours rouge international le  nomme parmi les présidents d’honneurs . À l’été 1933, le numéro 1 de la revue Le Cri des nègres (juillet-août 1933) titre: « Cheikhou Cissé est mort ». Le 4 octobre 1933, L’Humanité lui consacre un article  rappelant son parcours et s’interrogeant sur son décès.

Dernier bagnard de Nouvelle Calédonie, il meurt à Nouméa en 1933 sans avoir revu sa famille.

Sources :
(1) : Archives Gallica:
(2) : https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1118749896289472512

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